Chère Nurith,
quel beau film - Jean et moi étions fascinés d'entendre toutes ces voix parler dans
d'autres langues, chaque langue cachant ou dévoilant une histoire tandis que, par la
fenêtre, le paysage aussi raconte quelque chose. Et puis, ces apparitions, à chaque
fois, pour commencer. Il n'y a personne et tout à coup, quelqu'un paraît, miracle
d'une venue au monde, confirmée par le travail de la langue qui peu à peu lui donne
un sens. On se demande souvent comment parler de la littérature en images, peuton
parler de la littérature en images, et voilà que tu donnes une réponse. Oui, c'est
possible, à travers la langue et l'histoire de la langue, à travers l'apprentissage de la
langue qui est aussi apprentissage de la vie. Cette langue est l'hébreu, langue
antique et rescapée, ayant vécu longtemps une vie à la fois sacrée et souterraine, et
resurgissant au grand jour, comme tes "personnages" apparaissent à l'image. Mais
c'est aussi l'archétype de toute langue.
Tu le vois, je serai heureuse de parler un peu de ton film à l'issue de sa projection, le
3 mai. J'espère pouvoir relever le défi des présences dans la salle à cette date
tardive. Et j'aimerais aussi, si tu avais le temps, te voir, qu'on puisse déjeuner
ensemble, par exemple, et te donner au moins un de mes livres à lire.
Bien amicalement à toi,
Cécile