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Langue sacrée, langue parlée
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A travers Langue sacrée, langue parlée, Nurith Aviv esquisse un panorama sur les habitants de la langue hébreu. Un document sur les humains, sous forme de portraits brossés par la parole, profonds et essentiels.  

En 1897, à la demande des Frères Lumière, Alexandre Promio filme le trajet en train qui mène de Jaffa à Jérusalem. Aujourdhui, l’ancienne ville arabe Jaffa a fusionné avec Tel Aviv, qui est devenue le centre politique d’Israël, la communauté internationale ne lui reconnaissant pas Jérusalem comme capitale. Cent ans après le vœu formulé par Theodor Herzl, favorable à la création d’un Etat juif où chacun parlerait sa langue, « car elle est la patrie bien-aimée de ses pensées », et cinquante ans après la création de cet Etat, Nurith Aviv invite écrivains, artistes et penseurs nés en Israël à s’exprimer sur leur langue. 

La caméra emprunte à nouveau la ligne ferroviaire qui relie la ville profane à la ville sainte, la langue sacrée à la langue parlée. Le train de la parole parcourt cette terre de la pensée, et les expériences personnelles de chacun y seront autant d’étapes, de la campagne vers la ville, du centre vers les marges. 

Ancestrale et nouvelle, fondatrice et refondée, originelle et venue de tous horizons, la parole juive est celle du Talmud, le yiddish de la diaspora, l’hébreu de tous les jours. Elle est commencement et recommencement, disparition et renaissance, redécouverte, réappropriation, langue paternelle des textes sacrés et langue maternelle du foyer, argot, prière, figée et mouvante.  

Ce magnifique documentaire, en quelques mots, quelques visages, nous présente le rapport intime et profond au verbe, qui fut commencement et création, entretenu par autant de différences appartenant à un même peuple, celui de la langue hébreu.  

Les expériences sont celles de l’enfance, de la famille et de la communauté, de soi parmi les autres, venus de toute part, depuis l’Occident jusqu’à l’Orient, pour se retrouver au sein de la langue, entre passé et présent, dans un monde qui se construit et se renouvelle. 

Un magnifique témoignage, sobre et lumineux, simple et généreux, où l’histoire de la langue se mêle à celle des hommes et fascine. Vivant et chaleureux.

Article de Cécile-Fleur Brunod